mardi 16 décembre 2008
Alice Ferney a écrit là un très beau livre intérieur ... Histoire d'une
femme d'intérieur mais pas seulement . Elsa Platte regarde chaines
conjugales de Mankiewitz sur son canapé, elle a 4 enfants, était
danseuse. On comprend très vite que ce film l'habite depuis quelque
temps, qu'elle le regarde comme sa vie. D'emblée on s'asseoit avec elle.
Forcément, elle nous interpelle avec ses interrogations sur le sexe et
le désir qui font échos aux images. Sa solitude est vibrante malgré la
présence de ses deux grands enfants avec elle sur le canapé. Son
angoisse nous percute quand elle redit tel un letmotiv la phrase que son
mari a dite la veille au soir : "Demain soir et les soirs suivants,
prépare-toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas." Là est la souffrance
et en face ce film qui "remédie à son chancellement intérieur". Elle
explique comment une oeuvre d'art bouleverse, lui permet de donner un
sens et de se mettre en scène, dégagée de la réalité.p41 "l'oeuvre cause
une émotion, lui offre une parole, un exemple, un miroir, une histoire
jumelle, une musique, une question, une réponse, un embellissement, une
compagnie". Elle trouve dans cet échantillon de femmes qui traverse le
film des réponses. Elle est chacune grâce au film mais n'est qu'elle
même dans l'existence. Au début du livre, la réalité de la vie d'Elsa
Platte est encore très présente. Avec beaucoup de finesse, Alice Ferney
décrit cette féminité de la sensualité à la sensibilité, de la danseuse
à la mère, du désir amoureux à l'amour conjugal. Dans cette main
d'homme qui touche la peau de sa femme, elle a donné des mots à tout ce
qui se joue de désir et de non-désir; de l'amour et de la difficulté d'y
répondre. Le point de vue est extrèmement féminin mais sans féminisme,
c'est une remise en question constructive des rapports hommes-femmes,
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