mardi 19 février 2013

Peste et choléra de Patrick Deville aux éditions du Seuil




Le livre retrace les pérégrinations d’Alexandre Yersin pasteurien des premières heures, génie touche-à-tout. Cet homme peu connu du grand public doit remercier Deville de l’au-delà de lui avoir rendu un si bel hommage. De la peste à l’agriculture, du coca à la fabrication de vaccins, de l’exploration de territoires encore vierges aux premiers pas des télécommunications, Yersin est un étonnant personnage un peu misanthrope, toujours assoiffé mais désolé que le monde perde son temps en mondanité et en guerres. On sent Patrick Deville empathique de ce doux dingue pas si dérangé que ça puisqu’il se construit un empire colossal à Nha Trang finançant ses recherches grâce aux cultures et élevages qu’il développe. Peste et Choléra est une mine d’anecdotes scientifiques et historiques sur l’Indochine, l’évolution des moyens de transport et la formidable ébullition du monde. C’est merveilleux de rencontrer un homme qui a fait à peu près tout ce qu’il a voulu en sachant ne jamais s’asseoir dans le fauteuil de l’auto-satisfaction. Le style de Deville est particulier, il est parfois insistant. Il apparait régulièrement en fantôme du futur assidu comme s’il regrettait de n’avoir pas vécu cette époque du tout possible jouant avec la réalité pour mieux la dévoiler. C’est historiquement nourri d’une incroyable documentation et c’est sûrement ce qui enlève à ce roman « le romanesque » qu’on aurait pu espérer y trouver. On se fatigue en effet à le suivre, ce Yersin mais quand on referme le livre, on ne peut retenir un sifflement d’admiration.

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