dimanche 2 février 2014

Buvard de Julie Kerninon coll la Brune aux éditions du Rouergue

Elle, Caroline N Spacek, écrivain célèbre, dont on ne sait pas grand chose,  très secrète, elle vit seule dans une villa du Devon. Lui, journaliste homosexuel complètement fasciné par son oeuvre demande une interview. Elle accepte. Il part avec pour seul bagage des questions informulées, informulables, une timidité de jeune premier, ignorant tout, même ce qu'il devrait savoir, simplement lecteur subjugué par l'auteur. Elle se dévoilera dans un jeu fascinant un peu chippendale. Elle le retiendra de tout son mystère, entretenu par ses propres contradictions, mensonges, omissions. Elle remonte à l'origine de la création, là où l'inspiration se conjugue avec soumission, ou l'emprise d'un maître ressemble à un pacte diabolique. Écrire pour survivre mais qui souffle la phrase, de quelle chair nait-elle vraiment? Il y a t-il une écriture à soi? Devenir quelqu'un d'autre par l'écriture... Tenus par l’ambiguïté des personnages, on écoute le déversement fou de cet écrivain halluciné, malade de célébrité, habité de paranoïa. Les références sont là avec surement en écho Marguerite Duras et son histoire avec Yann Andrea, Salinger aussi par la réclusion et le refus d'accorder des entretiens. Roman court qu'on absorbe sans relever la tête, qui joue du suspens aussi pour nous garder entre les lignes de ce huis-clos étrange. 

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