mercredi 3 décembre 2014

J'ai eu des nuits ridicules d'Anna Rozen aux éditions Le Dilettante

Anne Rozen est connue pour ses romans lapidaires sur notre époque dont elle dépeint les travers avec humour et lucidité. On comprend bien alors pourquoi elle se réclame de Jean de Tinan et de son Aimienne ou le détournement de Mineure. L'héroine s'appelle Valérie, pas encore quarante ans mais pas loin.  La pauvrette, son amant fabuleux est parti en Italie avec sa régulière et ne peut plus assurer les fins de journée ravigorantes et apéritives. Que va-t-elle donc se mettre sous la dent (façon de parler!)? Elle se ballade de vernissage en dîner avec les copains, envoyant quelques sms à des ex mais rentre seule chez elle. Un soir le prince charmant se présente sous les traits d'un jeune fugueur de quatorze ans qu'elle va héberger par dépit. Évidemment sa joyeuse bande d'amis se gausse et lui donne des conseils pour se débarrasser du "mignon".  Le "petit" prend de la place dans sa tête de fille "libre". Il n'y a pas que les nuits qui sont ridicules dans ce petit livre révélateur d'un monde lourd de ses vides, creux, manques que chacun cherche à combler à la va-vite, sans amour puisque de toute façon rien ne dure. Fessebouc et le monde hyperconnecté sont les acteurs de ce soap qu'il faut bien plus lire comme une estocade qu'un divertissement. Le style contemporain d'Anne Rozen est énergique et bondissant, pour nous faire oublier que ce qu'elle décrit là, n'a au fond rien de drôle. L'ennui, la médiocrité du quotidien d'une humanité décadente transpirent sous la fausse légèreté. On s'amuse et on pleure quand on a terminé pour avoir touché du doigt une forme de gachis mais ça reste un petit livre marrant, pas trop innovant puisque dans le même genre il y a eu les Morues de Titiou Lecocq bien plus percutant... (voir article dans ce même blog).

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