mardi 22 mai 2012

Karoo de Steve Tesich traduit de l'anglais par Anne Wicke aux éditions Monsieur Toussaint Louverture

Comment condenser dans quelques lignes un livre comme Karoo, hilarant et pathétique parfaitement maitrisé par  Steve Tesich américain né en Yougoslavie mort d'une crise cardiaque en 1996 quelques jours après l'avoir fini ? Beaucoup d'articles passionnants sont parus sur ce livre différent et marquant, ce n'est pas pour rien.
Saul Karoo, héros de cette étrange odyssée, gagne largement sa vie à Hollywood en réécrivant des scénarios. Cet homme sans qualité dévoré par la mise en scène n'est plus capable de sincérité. Plus jamais ivre malgré l'ingurgitation de quantités inimaginables d'alcool, il se sent obligé de simuler l'ivresse pour rester dans son rôle. Incapable de la moindre intimité avec sa femme ou son fils Billy, il faut du public pour régler avec magnanimité un interminable divorce ou donner toute la mesure à ses sentiments paternels jusqu'à s'émouvoir lui-même. Saul Karoo est un véritable bouffon ignoble et pourri de tares jusqu'au moment où chargé de retravailler un film du vieil homme lui-même Arthur Houseman, Cromwell producteur de cinéma le met dans une situation manichéenne. Doc doit choisir entre garder tel quel le chef d'oeuvre ou le remanier.  Karoo va être sublime dans le genre quand il réalise que la mère biologique de son fils joue dans ce film et qu'il va pouvoir les faire se retrouver. Il sent qu'il tient là le rôle de sa vie. C'est oublier la mort qui rôde et Cromwell, l'homme foncièrement mauvais et éclairé. Karoo tombe parce qu'il refuse toutes les vérités qui le mettraient face au vide perceptif qui l'entoure. Quand Steve Tesich écrit "Son besoin d'être pardonné était si fort qu'il ne lui était jamais venu à l'idée qu'il existait des transgressions impardonnables", il pose la question de la rédemption auquel l'homme veut croire quand il rêve éveillé et qu'il veut oublier ce qu'il sait. Entre Woody Allen et Philip Roth, on ne respire plus tout le long de ces 600 pages rugueuses, jubilatoires.
Pour mieux encore comprendre mon enthousiasme, il y a cet article et puis en dernier recours n'hésitez pas à lire ce livre...

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